A l'occasion du mariage de son petit fils LOUIS AUGUSTE avec MARIE-ANTOINETTE, le ROI LOUIS XV reprit le projet d'opéra abandonné par LOUIS XIV et confia la construction de l’OPERA ROYAL à Jacques-Ange GABRIEL à partir de 1769,
pour être inauguré le 17 mai 1770
pour le mariage du Dauphin LOUIS AUGUSTE DE FRANCE futur LOUIS XVI avec la Dauphine MARIE-ANTOINETTE d'AUTRICHE le 16 mai 1770.
C'est là que furent donnés le FESTIN ROYAL
et le BAL PARE.
Pour les fêtes du mariage de MARIE-ANTOINETTE et LOUIS-AUGUSTE, le 16 mai 1770, fut donné, le 17 mai 1770, le premier opéra au château de VERSAILLES :
Le ROI LOUIS XV voulant que soit représenté un opéra pour le mariage du Dauphin, confia au DUC D'AUMONT, premier gentilhomme de la Chambre, qui avait, alors, la haute direction des plaisirs de la cour,
et à Denis-Pierre-Jean PAPILLON DE LA FERTE, intendant des Menus, personnage considérable et organisateur incontournable de toutes les fêtes à VERSAILLES,
la charge de faire travailler ensemble, les surintendants de la musique REBEL,
FRANCOEUR, BERNARD DE BURY, DAUVERGNE, les maîtres de ballets, les grands chanteurs, les comédiens du ROI et le fameux et infatiguable ARNOULT, machiniste en chef et entrepreneur principal des installations de la scène !
Chaise volante créée dans les petits cabinets du roi à Versailles pour Mme de Châteauroux. Coupes et plans du mécanisme réalisé par Blaise-Henri Arnoult en 1743. Agence des Bâtiments du roi, 1743. Dessin aquarellé. H. 122 cm ; l. 54,4 cm. Paris, Archives nationales. © Atelier photographique des Archives Nationales.
Le ROI LOUIS XV souhaitant montrer à la jeune Dauphine MARIE-ANTOINETTE les magnificences de la scène française !
A cet effet, le DUC D'AUMONT choisit l'opéra PERSEE de QUINAULT et LULLI.
Le poême de QUINAULT, tiré de la légende de Persée et Andromède était bien fait et fournissait au musicien LULLI des situations dramatiques.
LULLI avait écrit le "libretto" avec de beaux airs et des choeurs du plus bel effet.
Y furent ajouté des ballets nouveaux avec les étoiles de la danse VESTRIS, GARDEL, DAUBERVAL
et les demoiselles GUIMARD, GESLIN, HEINEL.
En outre, le ROI LOUIS XV fit savoir que les fêtes du mariage devant durer plusieurs jours, on représenterait, aprés PERSEE, CASTOR et POLLUX, le chef d'oeuvre de RAMEAU,
ATHALIE, le chef d'oeuvre de RACINE,
puis SEMIRAMIS, TANCREDE, LA TOUR ENCHANTEE, un divertissement de la DUCHESSE DE VILLEROY
et qu'entre toutes ces représentations, il faudrait intercaler un GRAND BAL PARE dans la même salle !
C'était un tour de force exigé de PAPILLON DE LA FERTE qui en était épouvanté et recevait de son côté les plaintes des entrepreneurs, décorateurs, artistes et machinistes assez irrégulièrement payés.
Bien que PAPILLON DE LA FERTE ait eu recours autant que possible au magasin de l'OPERA DE PARIS, la peinture des décors s'éleva à 154 189 livres, à savoir que du temps de LOUIS XV, 1 livre tournois = 0.31 grammes d'or fin et qu'en 2011, le gramme d'or vaut 22.81 € ! faites le calcul !
Pour les costumes, la dépense paraît encore plus importante, une note de 225 000 livres est payée à BUFFAULT, le riche marchand d'étoffes protégé
par LA COMTESSE DU BARRY maîtresse de LOUIS XV.
Il faut préciser que le riche marchand d'étoffes BUFFAULT a vendu 11 095 aunes de taffetas, 6 445 aunes de gaze d'Italie, 4 330 aunes de satin.
A savoir, qu'une aune (venant du Francique alina = avant-bras) mesurait, à PARIS en 1770, 1 mètre 188, là aussi, je vous laisse faire le calcul !
Pour confectionner ces costumes, ont été employés 80 tailleurs et couturières en janvier 1770, puis 200 en février, 230 en mars et avril et enfin, du 30 avril au 6 mai, en sept jours, plus de cinq cent "petites mains" pire que "la fashion week" de Karl LAGERFELD !
Ce n'est pas tout encore, une série de commande importantes sont faites à des perruquiers, gantiers, modistes, marchands de fleurs artificielles, sculpteurs, vanniers, ferblantiers, bourreliers, fourbisseurs, etc...
pour les accessoires, cad les monstres de carton, les attributs divers des dieux et déesses, les armes, boucliers, lances, casques, masques, chapeaux...
Au total, d'aprés une récapitulation qui se trouve aux Archives nationales, il fut confectionné 624 costumes de théâtre !
Pour éclairer la salle et les décors de Louis-René BOQUET, 2389 livres de bougies blanches, 116 livres de bougies jaunes et 333 flambeaux furent utilisés pour le LUMINAIRE !
Depuis le 28 avril 1770, PAPILLON DE LA FERTE s'était installé à poste fixe à VERSAILLES pour surveiller et activer, sans relâche, les préparatifs. Il avait amené, avec lui, toute son armée de chanteurs, danseurs et danseuses et compter les garder à VERSAILLES. Pour cela, il fallu leur attribuer des indemnités spéciales de nourriture et de logement.
De plus, toute la troupe de l'OPERA DE PARIS avait éte mise en réquisition et annexée à ce qu'ont appelait LA MUSIQUE DU ROI.
On trouva que c'était encore insuffisant et l'on renforça encore, les choeurs et l'orchestre de musiciens externes.
Au total, il y eut, de ce chef, une dépense de 181 615 livres d'indemnités spéciales en sus des émoluments de chaque artiste.
Les chanteuses et danseuses réclamèrent encore certaines allocations spéciales pour leurs menus détail de toilette qui s'élevèrent à plus de 9 000 livres.
On y remarque, entre autres, 24 livres pour le rouge nécessaire à chacune d'elles !
Il fallut aussi payer 4 456 livres pour les voitures et chaises à porteurs que 63 danseuses employèrent à VERSAILLES pendant leur séjour.
Enfin est arrivé le mois de mai 1770.
La future Dauphine a quitté VIENNE le 21 avril 1770.
Elle a fait son entrée solennelle à STRASBOURG sur la terre de FRANCE le 7 mai 1770 et le mariage doit avoir lieu à VERSAILLES, le 16 mai 1770.
On devine les préoccupations de PAPILLON DE LA FERTE, d'ARNOULT pour ses machineries, de BOQUET pour ses décors, de DELAVAL pour ses ballets et la hâte fievreuse des derniers préparatifs.
Le ROI LOUIS XV est venu voir la salle et l'a visitée jusqu'aux combles.
Le ROI a été trés content de cet ensemble ainsi que la décoration représentant la mer avec le rocher d'Andromède.
Sa majesté en a témoigné sa satisfaction au SIEUR ARNOULT.
Le 16 mai 1770, à 10 heures du matin, la jeune archiduchesse MARIE-ANTOINETTE D'AUTRICHE franchit la grille de la cour du château de VERSAILLES.
Cette grande solennité s'est terminée par le FESTIN ROYAL servi dans la salle des ballets disposée, spécialement à cet effet.
Et c'est le lendemain même que devait avoir lieu la représentation de PERSEE.
Toute la nuit fut employée à enlever le faux plancher, le salon de musique avec sa grande arcade de 32 pieds de hauteur, les gradins disposés tant pour les 80 musiciens que pour les assistants, les lustres, tentures, décors, tapis, cloisons mobiles, portes de service, etc...Ouvriers et soldats rivalisèrent de zèle.
PAPILLON DE LA FERTE épuisé de fatigue, depuis plusieurs jours, ne quitta pas la brêche. Il se remettait, écrivait-il, en prenant, chaque jour, un bain !
Enfin, le jeudi 17 mai 1770, tout est prêt et le personnel de l'OPERA au complet, chanteurs, danseurs et musiciens débarque de bonne heure à VERSAILLES.
Quel fut l'effet produit sur les spectateurs et notamment, sur la jeune Dauphine, par l'opéra de QUINAULT et LULLI ?
Il faut, malheureusement reconnaître que l'effet fut médiocre et le succés à peu prés nul.
PAPILLON DE LA FERTE, dans son "journal" ne veut pas se l'avouer tout à fait et explique, comme on va le lire, l'ennui manifesté par MARIE-ANTOINETTE :
"Ce spectacle a été beaucoup mieux qu'on ne pouvait s'y attendre, aprés des préparatifs aussi pressés et avec des machines dont les mouvements étaient encore si peu connus des ouvriers. D'ailleurs, on a été trés contente de la magnificence du spectacle. Madame la Dauphine n'a pas paru y prendre goût. Il est vrai que c'est un opéra bien sérieux pour quelqu'un qui ne connaît pas encore bien le spectacle et n'aime pas la musique".
L'excuse était mauvaise, car MARIE-ANTOINETTE aimait la musique et jouait, agréablement, de la harpe et du clavecin.
(Jean-Baptiste Gautier-Dagoty ( 1740-1786 ), Gautier-Dagoty peignant le portrait de la reine dans sa chambre à Versailles, Gouache sur papier, Château de Versailles
Enfin, par suite, sans doute des travaux de transformation rapide de la salle, une poussière épaisse s'était élevée et formait un brouillard fort désagréable, aussi bien pour les spectateurs que pour les acteurs.
Le luminaire était, d'ailleurs, trés défectueux.
En effet, on remarque, avec étonnement, sur le mémoire du CHANDELIER que, s'il a fourni, pour la représentation du 17 mai 1770, une quantité totale de 4 400 bougies, il y en avait bien 4 000 employées pour l'éclairage de la scène et de l'orchestre (1 580 pour les portants, 400 dans l'orchestre, 390 pour la rampe...) tandis qu'il en était compté, à peine, 400 pour la salle (224 pour les lustres, 150 pour les loges, 12 au foyer !).
La scène pouvait être brillante mais la salle, dont on connait les grandes dimensions devait être plongée dans une semi-obscurité peu faite pour dissiper l'ennui des spectateurs !
La dépense totale de tous ces spectacles donnés sur l'OPERA DE VERSAILLES de MAI à JUILLET 1770 s'éleva à la somme de 1 267 770 livres.
En y ajoutant les travaux d'achèvement du théâtre, les cérémonies diverses du mariage, les concerts, les bals et la fête de nuit avec feu d'artifice, on arrive à un chiffre de 3 000 000 de livres environ pour l'ensemble des fêtes de VERSAILLES à l'occasion du mariage de la Dauphine soit plus de 210 000 000 d'EUROS (ça donne le vertige) !
Ainsi se trouvait inaugurée, en l'honneur de MARIE-ANTOINETTE, cette grande salle de l'OPERA, considérée, alors, comme la plus belle du monde entier !
Les festivités du mariage furent somptueuses et se terminèrent tristement, le soir du 30 mai 1770 par une bousculade mortelle, sur la PLACE LOUIS XV à PARIS, conduisant à plusieurs centaines de morts (131 selon les chiffres officiels mais en réalité davantage).
Les sources de cet article proviennent de chez GALLICA
L'iconographie provient de chez MUZEO